Roberto Succo, parcours d’un tueur sans mobile
En 1988, Roberto Succo, dit « le tueur fou » se suicide dans sa cellule peu de temps après son arrestation, laissant un grand vide pour les familles des victimes. Retour sur cette affaire des années 80 qui a provoqué une vague de terreur et de fascination en France, en Suisse et en Italie.
Une mère étouffante et autoritaire
Roberto Succo est né en 1962 en Venise. Très jeune, la moindre frustration le met dans des colères noires. Sa mère surprotège son fils unique tout en exigeant sans cesse le meilleur de lui. Elle lui donne une éducation stricte et lui interdit tout. Roberto n’a jamais le droit d’aller jouer avec des camarades et grandit seul. Son père, policier, est très pris par son travail et n’intervient pas dans son éducation.
A l’adolescence, Roberto ressent le besoin de s’échapper de ce climat familial devenu trop pesant. Les disputes éclatent de plus en plus souvent avec sa mère qui veut tout savoir, tout contrôler sans se rendre compte que l’atmosphère de la maison est devenue irrespirable pour son fils.
Un parricide à 19 ans
Le 9 avril 1981, alors que Roberto vient de fêter ses 19 ans, une nouvelle dispute éclate entre lui et sa mère. Le conflit vire au carnage quand Roberto s’empare d’un couteau de cuisine et poignarde sa mère de plusieurs coups. Roberto attend le retour de son père pour l’assassiner à son tour de la même manière. Le jeune assassin prend alors la fuite au volant de la voiture paternelle.
A Venise, le double meurtre est rapidement découvert et une photo de Roberto, suspect numéro 1, est diffusée dans toute l’Italie. Quelques jours plus tard, il est interpellé et avoue alors avoir tué ses parents mais par accident. Il sera examiné par plusieurs psychiatres qui constateront que Roberto souffre de graves troubles mentaux et notamment d’une forme particulièrement grave de schizophrénie. Il est alors déclaré irresponsable et est condamné à 10 ans d’internement en hôpital psychiatrique.
Pendant cinq ans, il est soigné dans l’hôpital psychiatrique de Bologne et les médecins constatent qu’il est en voie de guérison et décident qu’il peut bénéficier d’un régime de semi-liberté. Roberto s’inscrit alors en maîtrise de géologie à l’université de Parmes. Mais le 15 mai 1986, Roberto décide de ne pas rentrer à l’hôpital et achète un billet de train pour la France où commence alors sa cavale sanglante dans les Alpes françaises qui lui vaudra le surnom de « tueur fou ».
Robert Succo : un tueur sans mobile
La première victime de Robert Succo en France est un policier, assassiné près de Chambéry, lors d’un contrôle d’identité le 3 avril 1987. Trois semaines plus tard, c’est au tour d’une jeune femme de trente ans, enlevée au bord du lac d’Annecy et vraisemblablement tuée. Son corps ne sera jamais retrouvé et Succo avouera aux enquêteurs l’avoir jeté dans la mer près de Nice. Le même jour, un médecin disparait dans les Alpes-de-Haute-Provence, son corps ne sera retrouvé que 6 mois plus tard. Le 24 octobre 1987 à Annecy, Roberto Succo assassine une quadragénaire après l’avoir battue et violée.
Les enquêteurs ne font pas immédiatement le lien entre tous ces meurtres mais le 26 janvier 1988, une bagarre causée par Roberto Succo dans un bistrot de Toulon, permet son identification. Deux jours plus tard, Succo échappe à la capture en abattant un policier et se réfugie en Italie, puis en Suisse où il enlève et viole plusieurs femmes.
En France, l’enquête avance et permet de faire le lien avec tous les meurtres précédents. Un portrait-robot du tueur est alors diffusé dans tout le pays et une lycéenne reconnait Roberto Succo, son ex petit-ami.
Un schizophrène jugé irresponsable de ses actes
Le 28 février 1988, Succo est arrêté en Italie. En mai 1988, la justice italienne le déclare une nouvelle fois irresponsable car souffrant d’une forme sévère de schizophrénie. L’émotion causée par cette décision suscite une vague de protestations en France qui demande son extradition pour les cinq meurtres qu’il a commis.
Quelques jours plus tard, Succo se suicide au fond de sa cellule en s’asphyxiant avec un sac poubelle et une petite bonbonne de gaz. Le 19 juillet, la justice italienne clôt le dossier Roberto Succo laissant les familles des victimes sans réponse.