L’affaire Tommy Recco : la folie meurtrière
Tommy Recco, surnommé Geronimo à cause de sa chevelure, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir commis successivement sept meurtres. Il est désormais l’un des détenus les plus âgés de France.
En 1960, Tommy Recco, 26 ans, né à Propriano, tire sur son parrain, garde maritime, puis l’achève à coups de crosse sur une plage proche de la ville. Cet homme l’avait surpris en train de pêcher à la dynamite avec son jeune frère, Pierre. Après une longue investigation, son frère ira le dénoncer à la police en décrivant les cris qu’il avait entendu lors de l’incident. Tommy Recco niera les faits pendant l’audience en clamant devant les jurés « il y a deux innocents dans le monde, le Christ et moi ! ».
En 1962, il est condamné à la peine de mort. Pour des raisons inconnues, il sera gracié par le Général De Gaulle. Sa peine sera alors transformée en réclusion criminelle à perpétuité. Après 17 ans de détention, Tommy Recco s’est montré être un détenu exemplaire. Sa bonne conduite lui a permis d’obtenir une libération conditionnelle en 1977.
Six nouvelles victimes pour Tommy Recco
Il ne fallut pas attendre bien longtemps avant que Tommy Recco récidive et commette par deux fois un triple assassinat.
En 1979, il se rendit au supermarché Mammouth de Béziers. Trois caissières étaient en train de compter les recettes, lorsque celui-ci voulant s’emparer de la caisse, décida de les tuer toutes trois d’une balle dans la nuque.
Avant que les soupçons de la police ne viennent jusqu’à Tommy Recco, il fallut attendre la troisième affaire.
Un an après ce triple meurtre, trois personnes dont un enfant furent retrouvées inertes dans leur lieu d’habitation à Carqueiranne. Leur signalement avait été donné par un appel de la fillette de 11 ans peu avant qu’elle ne décède. Celle-ci avait appelé sa mère pour la prévenir que son père se disputait avec ‘’le cousin de René‘’. Grace à cet indice, les policiers ont pu remonter à la source. Le meurtrier ne pouvait être que Tommy Recco, celui que ‘’René’’ présentait régulièrement comme étant son cousin.
Ce dernier a d’abord reconnu les faits avant de se rétracter devant le juge d’instruction quelques jours plus tard. Il aurait voulu acheter une arme à feu au père de famille, celui-ci ayant refusé une dispute éclata ce qui alarma le voisin. Tommy Recco tua ces deux personnes de sang-froid. Pour masquer les preuves, il décida de tuer la fillette qui avait assisté au drame.
Les éléments à charge étaient si nombreux qu’une corrélation entre ces deux affaires n’a pas été des plus complexes. Après avoir vu la photo de Tommy Recco sur le journal, un retraité s’est présenté au commissariat et a déclaré que la personne responsable du triple meurtre de Carqueiranne était bien présente au supermarché Mammouth le jour de la tuerie. Par ailleurs, le même mode opératoire avait été utilisé; après expertises, les juges apprirent qu’il s’agissait bien de la même arme.
Pendant le procès, Tommy Recco nia toute implication dans ces affaires, il lança des accusations à tort et à travers et se revendiquait victime d’une ‘’ machination ‘’. Les experts psychiatriques le déclarèrent sain d’esprit, selon eux, c’est sa nature impulsive qui l’aurait poussé à commettre ces meurtres de sang-froid.
Ce multiple récidiviste fut condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.
Déjà 48 ans de détention et son innocence toujours clamée
Dans l’entourage de Tommy Recco, sa mère et sa femme croient fermement à son innocence depuis le début. Elles lui offrent un soutien sans faille. Pourtant, la famille n’en n’est malheureusement pas à sa seule mésaventure judiciaire. Le frère de Tommy Recco fut lui-même condamné à une lourde peine pour le meurtre de deux touristes. Il fut libéré en 2008.
A 81 ans, Tommy Recco fait désormais partie des détenus les plus âgés de France. Malgré ses multiples demandes de liberté conditionnelle ou de suspension de peine pour raisons médicales, celui-ci n’a jamais obtenu l’aval des juges au grand soulagement des proches des victimes. Selon les médecins, Tommy Recco se porte bien pour son âge et son état de santé n’est pas incompatible avec son maintien de détention.
Réflexions sur le système judiciaire en France
Cette affaire a semé troubles et fureur en France. Comment un meurtrier avait-il pu être libéré aussi facilement ? Aurait-on pu éviter ces meurtres ? Le système judiciaire français est-il adapté ?
Lors du dernier procès, l’avocat des parties civiles avait même considéré comme regrettable le fait que la peine de mort ait été abolie deux ans plus tôt. Pour les victimes, il leur est insupportable de se dire que cet homme pourrait être un jour être remis en liberté.
Pourtant, lorsqu’un individu est puni pénalement, ce n’est pas pour venger ou soulager les proches des victimes mais bien pour protéger la société d’un danger potentiel. Si la justice est censée reconnaitre cette dangerosité, elle est rendue par l’Homme, et est donc loin, malheureusement, d’être une science exacte.