L’affaire Florence Lamblin
L’élue des Verts parisiens Florence Lamblin a été contrainte de démissionner fin 2012 de ses mandats électifs, en raison d’une affaire de blanchiment. Comment Florence Lamblin en est-elle arrivée là ?
Le 12 octobre 2012, Florence Lamblin était mise en examen dans le cadre d’une affaire de blanchiment, et dans la foulée, décidait de démissionner de tous ses mandats électifs. Florence Lamblin était adjointe au maire du XIIIe arrondissement de Paris, conseillère de Paris et porte-parole d’Europe Ecologie-les-Verts (EELV) à Paris. Suite à sa mise en examen, l’ancienne élue des Verts a également régularisé le versement des impôts qu’elle devait en faisant un chèque d’un montant de 31 000 euros.
Titulaire d’un compte non déclaré en Suisse sur lequel se trouvaient 350 000 euros, Florence Lamblin aurait pu bénéficier de l’amnistie fiscale de Bercy en 2010, mais elle a choisi de ne pas le faire, de peur que cela se sache.
L’ancienne élue est alors responsable des expositions dans une structure parisienne et est propriétaire de quelques biens immobiliers. Son compagnon Isaac Khaski, ancien guitariste également de la mouvance écolo, entreprend de monter quelques sociétés. La dernière-née commercialise des produits « bio et sensuels », comme le déclarera plus tard Florence Lamblin. En réalité, il s’agit d’accessoires écologiques et de sex-toys.
Un sac en plastique contenant 355 000 euros
En août 2012, Florence Lamblin est contactée par un proche de son compagnon, un certain Marc, lequel lui remet quelques jours plus tard un sac en plastique contenant 355 000 euros en billets de 100, 50 et 20 euros. L’ancienne élue est convaincue qu’il s’agit de son argent, rapatrié de son compte suisse non déclaré. Or ces fonds provenaient d’un trafic de drogue à grande échelle entre le Maroc et la France. Le dénommé Marc s’avère être Mardoché Elmaleh, l’un des principaux protagonistes de ce blanchiment d’argent. Alors que ses deux frères, Meyer et Nessim, opèrent en Suisse dans une société de gestion de fortune et dans une banque, Mardoché Elmaleh collecte en France l’argent du trafic de stupéfiants et le distribue aux potentiels fraudeurs fiscaux. Florence Lamblin est immédiatement épinglée par la police, qui la surveillait depuis un moment. Elmaleh déclarera plus tard qu’il ne connaissait pas Florence Lamblin et qu’il était simplement chargé de remettre l’argent à « la dame ». De son côté, l’ancienne élue verte a toujours maintenu qu’elle ignorait tout de l’existence de ce trafic de drogue.
Ce que savait Florence Lamblin
Selon les autorités, Florence Lamblin, à l’instar des autres personnes mises en examen dans ce dossier, ne pouvait ignorer qu’elle récupérait de l’argent sale. Les liasses de billets lui ont été remises en toute discrétion, dans un sac plastique. En revanche, rien n’a permis d’établir de manière certaine qu’elle savait qu’il s’agissait de fonds issus d’un trafic de drogue. Le seul dénominateur commun entre les notables mis en examen était qu’ils possédaient un compte bancaire dans le même établissement financier en Suisse.
Florence Lamblin a eu la probité de fermer son compte suisse, potentiellement compromettant par rapport à son mandat d’élue, mais elle n’a pas eu la moralité de le faire par la voie officielle. Quelques mois avant de tomber pour cette affaire de blanchiment de fonds, l’ancienne élue recevait du gestionnaire de son compte suisse le conseil de liquider son compte et de rapatrier ses fonds.
Les fonds lui sont remis en liquide dans un sac de supermarché, lors d’un rendez-vous pris à la hâte avec un parfait inconnu. Difficile d’imaginer qu’une femme faisant carrière dans la vie politique et publique soit suffisamment naïve pour croire à la « propreté » de près de 400 000 euros remis en liasses dans un sac en plastique.
Un vaste réseau franco-suisse
17 personnes au total sont tombées dans cette affaire de blanchiment d’argent. L’opération « Virus » menée à l’époque par la Direction centrale de la police judiciaire a permis de démanteler un vaste réseau franco-suisse ayant collecté 12 millions d’euros d’argent sale entre mai et octobre 2012 et fait importer du Maroc en région parisienne, via l’Espagne, huit tonnes de cannabis d’une valeur marchande de 40 millions d’euros.
Qu’elle ait été pleinement consciente ou non de l’origine frauduleuse des fonds remis, Florence Lamblin a indubitablement terni l’image des Verts parisiens, et l’ancienne élue a été largement fustigée pour sa faute, tant par les élus Verts que par les élus PS. Florence Lamblin n’aspire qu’à échapper au plus vite à cette notoriété acquise malgré elle. L’affaire suit son cours.