Jugé pour avoir enlevé le meurtrier de sa fille, André Bamberski n’éprouve « aucun regret »
Les 22 et 23 mai 2014, André Bamberski a comparu devant le tribunal correctionnel de Mulhouse pour son rôle dans l’enlèvement du meurtrier de sa fille, Dieter Krombach. Retour sur les faits.
André Bamberski, aujourd’hui âgé de 76 ans, ancien expert-comptable, est accusé d’avoir commandité l’enlèvement de Dieter Krombach, aujourd’hui âgé de 79 ans, ancien médecin allemand, en octobre 2009. Il dit n’éprouver « aucun regret » pour ses actes.
L’opiniâtreté d’un père brisé
Le 10 juillet 1982, à Lindau (Allemagne), le corps sans vie de la fille d’André Bamberski, Kalinka, 14 ans, est retrouvé au domicile de sa mère et de son beau-père allemand, le docteur Krombach. Persuadé que le médecin allemand a violé et tué Kalinka, André Bamberski n’aura de cesse de l’amener devant la justice, ce à quoi il finira par parvenir des années plus tard.
En 1984, une information judiciaire s’ouvre à Paris afin de faire toute la lumière sur les conditions du décès de la jeune fille. En 1995, la cour d’assises de Paris juge le docteur Krombach coupable de « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner » et le condamne, par contumace, à 15 ans de réclusion. Deux ans plus tard, un mandat d’arrêt européen est lancé à l’encontre de Dieter Krombach ; le mandat demeurera sans effet. La justice allemande estime que le docteur Krombach est innocent. En revanche, pour le père de Kalinka, le beau-père de la victime doit être condamné.
Le 18 octobre 2009, aux aurores, André Bamberski passe un appel téléphonique au commissariat central de Mulhouse afin de signaler à la police que Dieter Krombach, qui est recherché depuis plusieurs années par les autorités françaises, est susceptible de se trouver à Mulhouse, rue du Tilleul. Lorsque la police se rend à cette adresse, elle y retrouve le médecin allemand, bâillonné, ligoté et blessé à la tête. La veille, il avait été enlevé par trois individus près de son domicile en Allemagne, à quelque 270 kilomètres de là.
Le médecin allemand rattrapé par la justice française
Désormais entre les mains de la justice française, Dieter Kombach est condamné en 2011 puis 2012 par les cours d’assises de Paris et de Créteil, respectivement, à quinze années d’emprisonnement pour « violences volontaires aggravées ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». En avril dernier, la cour de cassation a rejeté le pourvoi du médecin, rendant ainsi définitive la condamnation prononcée à l’encontre de Dieter Kombach.
Une joute judiciaire entre deux septuagénaires
Les 22 et 23 mai 2014, ce fut au tour d’André Bamberski de comparaître devant la justice française, pour avoir commandité l’enlèvement et la séquestration du meurtrier de sa fille. A ses côtés sur le banc des accusés, Anton Krasniqi, un Kosovar de 43 ans, et Kacha Bablovani, un Géorgien de 28 ans, présumés être les auteurs de l’enlèvement (le troisième individu n’ayant jamais été identifié), ainsi que Adelheid Rinke, une journaliste autrichienne de 54 ans, présumée avoir servi d’intermédiaire entre les trois individus. L’instigateur de l’enlèvement, André Bamberski, encourt cinq ans d’emprisonnement.
Dans l’attente du verdict, André Bamberski n’éprouve aucun remords pour avoir enlevé et séquestré le meurtrier de sa fille Kalinka. Cette affaire politique franco-allemande, dont l’essence même revêt un caractère délicat, risque de faire grand bruit des deux côtés du Rhin au moment du verdict.