Affaire Outreau
Le 25 février 2000, les enfants du couple formé par Thierry et Myriam Delay sont placés dans des familles d’accueil à la demande de cette dernière qui dénonce des violences de son mari. En décembre de la même année les services sociaux sont alertés par les assistantes sociales qui s’occupent de ces enfants : ceux-ci font le récit de faits troublants quant à des actes que leur auraient infligés un certain nombre d’adultes de leur entourage.
Début 2001 la direction de l’enfance du Pas-De-Calais envoi un signalement au procureur de la République. Celui-ci enclenche l’enquête policière et judiciaire qui entraînera le plus grand naufrage judiciaire des années 2000.
Instruction
L’instruction est ouverte en Février 2001 par le procureur de la République Gérard Lesigne sous les qualifications de viols, agressions sexuelles, corruption de mineurs et proxénétisme. De nombreux enfants et adultes sont interrogés et les témoignages semblent peu à peu accréditer la thèse de l’existence d’un réseau pédophile et d’exactions commises à long terme sur plusieurs mineurs. L’instruction se clôt en mai 2003 par la mise en examen de 18 personnes, toutes écrouées au titre de la détention provisoire sous l’égide du jeune juge d’instruction Fabrice Burgaud. L’une d’entre elle va mourir en prison d’une surdose de médicament.
L’affaire, médiatisée dès la fin de l’année 2001, choque la France. Son retentissement médiatique dépasse de très loin la simple sphère juridique et oblige les avocats des parties en présence à communiquer très largement en dehors des prétoires.
Procès et verdict
Le procès en lui-même débute en mai 2004, soit après plus de trois ans d’enquête, devant la cour d’assises du Pas-De-Calais à Saint-Omer. Dix-sept personnes sont alors en accusation, dix-sept enfants sont parties civiles. Le 2 juillet, la Cour prononce dix condamnations. Quatre accusés ne feront pas appel. Parmi les 6 autres condamnés, deux seulement retournent en prison : les quatre autres ont déjà préventivement fait leur peine.
L’affaire ne s’arrêtera pas là. Elle demeure encore aujourd’hui le symbole d’un naufrage judiciaire qui pousse à la réflexion sur le système de la justice française, sur la formation des juges ou encore sur l’impact fort que peuvent avoir l’opinion publique et la battage médiatique sur l’issue d’un procès. Un vaste travail parlementaire sur ces questions suivra cette affaire retentissante.
Liens Externes
http://droitcultures.revues.org/1430 – Chronologie de l’affaire d’Outreau