Affaire Omar Raddad
Le 23 juin 1991, Ghislaine Maréchal, 65 ans, est tuée de plusieurs coups de couteaux dans sa villa de Mougins, dans les Alpes Maritimes. La désormais célèbre inscription “OMAR M’A TUER” est apposée sur une porte voisine.
Les soupçons se portent vers Omar Raddad, le jardinier de la victime, qui est mis en examen pour homicide volontaire le 27 juin 1991.
Instruction
Omar Raddad nie les faits. Il le fera jusqu’au bout. Lors de son procès, qui se tient en février 1994 devant les Assises des Alpes Maritimes, son avocat, Me Jacques Vergès, fera valoir les nombreuses zones d’ombres de l’affaire : expertises contradictoires sur la date du décès, absence de relevés d’empreintes digitales sur les lieux du crime, incinération du corps de la victime dès le lendemain de l’autopsie.
Mais l’élément le plus marquant de l’affaire est ce message, apposé sur une porte. Ghislaine Maréchal en est-elle vraiment l’auteur ? N’est-il pas surprenant qu’une femme éduquée et cultivée ait pu faire une telle faute de conjugaison ? Comment a-t-elle pu rédiger ce message alors qu’elle se trouvait dans l’obscurité au moment des faits ? Pour les graphologues interrogés à l’occasion de ce premier procès, c’est pourtant bien la victime qui a écrit ce message.
Procès et verdict
Le procès se tiendra pendant 11 mois devant la cour d’assises de Nice, du 24 janvier 1993 au 2 février 1994.
Omar Raddad sera condamné à 18 ans de réclusion criminelle. Cette peine sera confirmée par la Cour de Cassation en 1995. Toutefois, après une rencontre avec le roi du Maroc, le président Jacques Chirac offre la grâce partielle à Omar Raddad, en lui accordant une remise de peine de quatre ans et huit mois. Il sort de prison en 1998.
Mais cette grâce n’équivaut pas à une déclaration d’innocence. En 1999, il dépose une requête de révision. En 2001, la Commission de Révision, dont le rôle est de filtrer les demandes, transmet le dossier à la Cour de Révision: les faits nouveaux sont “de nature à jeter un doute sur la culpabilité de l’accusé”. Et pour cause: d’une part, une nouvelle expertise graphologique ôte toute certitude sur l’identité de l’auteur des inscriptions, d’autre part, les nouvelles techniques d’analyses génétiques ont permis de détecter la présence de deux ADN masculins différents de celui d’Omar Raddad sur les lieux du meurtre. L’avocat général n’est pas convaincu par ces faits nouveaux : la demande de révision est rejetée.