Affaire MNEF
L’affaire concerne la gestion de la Mutuelle Nationale des Etudiants de France au cours des années quatre vingt et quatre vingt dix, et implique de nombreuses personnalités du Parti Socialiste.
Dès 1982, la Cour des Comptes relève des irrégularités dans la gestion de la mutuelle : train de vie dispendieux des dirigeants, établissement de fausses factures, embauche prioritaire des militants du syndicat étudiant UNEF, qui sont ensuite intégrés au Parti Socialiste. Le journal Le Point évoquera d’ailleurs à cet égard le “binôme MNEF-Unef-ID: ”un vivier de jeunes loups socialistes.
Malgré l’avertissement de la Cour des Comptes, le trésorier de la MNEF, Olivier Spithakis, est désigné directeur général de la mutuelle en 1983. Les dérives de la MNEF se poursuivront jusqu’à la fin des années quatre vingt dix. En 1998, une nébuleuse de sociétés commerciales gravite autour de la mutuelle, pour un chiffre d’affaires d’environs 2,5 milliards de francs : cette organisation complexe permettra d’opacifier la gestion de l’ensemble.
Instruction
Le parquet ouvre finalement une information judiciaire en septembre 1998 pour “faux, usage de faux, abus de confiance, recel” et “prise et conservation illégale d’intérêts”, à l’issue de laquelle dix-sept personnes, dont de nombreuses personnalités, seront mises en cause. Parmi les inculpés, on retrouvera notamment Olivier Spithakis, ancien directeur général de la MNEF, Jean-Michel Grosz, ancien président de la MNEF et les députés Jean-Christophe Cambadélis et Jean-Marie Le Guen.
Dominique Strauss Kahn, alors ministre de l’économie et des finances du gouvernement Jospin, figure également sur le banc des accusés. Il lui est reproché d’avoir produit de faux documents alors qu’il était intervenu en sa qualité d’avocat d’affaires dans le cadre d’une opération relative à une filiale de la MNEF. Il aurait par ailleurs perçu 600 000 francs pour la réalisation de cette prestation dont on soupçonnera l’existence sans pour autant pouvoir le démontrer. Cette mise en cause dans le cadre de cette affaire obligera Dominique Strauss Kahn à quitter son poste de ministre le 2 novembre 1999.
Procès et verdict
Le verdict sera finalement rendu en 2006 par le tribunal correctionnel de Paris, après la dénonciation dans son réquisitoire par le procureur Jean-Pierre Bernard des pratiques « d’un clan et d’une tribu chargés de distribuer les prébendes ». Dominique Strauss Kahn, qui a clamé son innocence durant les huit années de procédure, est finalement relaxé. De nombreuses peines de prison avec sursis assorties d’amendes seront prononcées pour les autres accusés.