Affaire Klaus Barbie
En 1943, alors que la deuxième guerre mondiale bat son plein, l’officier SS Klaus Barbie devient chef de la gestapo lyonnaise. Il y organise la torture et l’exécution de nombreux résistants, parmi lesquels Jean Moulin, y orchestre la déportation de milliers de juifs à Drancy, ordonne la rafle des enfants d’Izieu en avril 1944 ainsi que la fusillade d’otages pour venger un attentat sur deux policiers allemands… Son rôle actif lui vaudra le surnom du boucher de Lyon.
Instruction
Dès la fin de la guerre, les alliés le recherchent pour crimes de guerre. La traque va durer presque quarante ans.
S’il avait rallié l’Allemagne dès la Libération de la France en 1944, il endosse très vite le rôle d’espion anti-communiste pour le compte des Etats-Unis, qui souhaitent exploiter son expérience acquise dans la lutte contre la résistance communiste durant la guerre. Lorsqu’en 1948 la France demande son extradition afin de pouvoir l’interroger comme témoin dans le procès de René Hardy, suspecté d’avoir trahi Jean Moulin, les Etats-Unis lui accordent leur protection. Il ne sera pas extradé en France, où il sera condamné à mort par contumace en 1952 et 1954.
Face aux pressions, Klaus Barbie est finalement exfiltré, grâce à l’aide des services secrets américains. Il s’installe en Bolivie sous un faux nom (Klaus Altmann), et acquiert très vite la nationalité bolivienne. Dès lors il parvient à mener une vie normale : il s’installe en famille à La Paz, la capitale du pays, et se lance dans le commerce du bois et l’exportation de quinine. En 1964, lors de l’arrivée au pouvoir du général Barrientos, soutenu par la puissance américaine, Klaus Barbie devient le conseiller et l’homme de confiance du général. Il obtient un passeport diplomatique qui lui confère l’immunité: il peut alors voyager partout dans le monde : il reviendra même en France à quelques occasions, sans jamais être inquiété.
Jusqu’en février 1983, et alors même que les autorités françaises savent depuis 1961 que Barbie s’est réfugié en Bolivie, la protection gouvernementale dont il bénéficie empêche toute extradition. C’est finalement à la faveur d’un changement de gouvernement qu’il sera finalement expulsé vers la Guyane et arrêté, en février 1983.
Procès et verdict
Le procès se tient du 11 mai au 4 juillet 1987 devant la Cour d’Assises de Lyon. Klaus Barbie, défendu par maître Jacques Vergès, comparaît pour crime contre l’humanité. Mais dès le début du procès, il annonce qu’il ne reconnaît pas l’autorité de cette cour et refuse de comparaître. Il n’assistera pas à son procès et ne rejoindra le box des accusés que le 3 juillet. Durant tout le procès, il n’exprimera aucun regret et déclarera : “C’était la guerre; et la guerre, c’est fini.”
Au terme de six heures de délibéré, le jury le condamnera à la réclusion criminelle à perpétuité. Il mourra quatre ans plus tard, en prison, à l’âge de soixante dix sept ans.