Affaire ELF
En Juillet 1994, la Commission des Opérations Boursières (actuelle Autorité des Marchés Financiers) rédige un rapport concernant l’entreprise publique Elf : celle-ci aurait renfloué, à perte, l’entreprise de textile de Maurice Bidermann, alors que le groupe pétrolier était dirigé par son ami Loik le Floch Prigent. Saisi du dossier, le parquet de Paris ouvre alors, le 18 août 1994, une information judiciaire contre X pour abus de biens sociaux. Cette enquête, diligentée par la juge d’instruction Eva Joly, va mettre à jour le plus gros scandale politico-financier des années quatre-vingt dix.
Le sauvetage de l’entreprise de textile n’est que la partie émergée de l’iceberg. Les investigations de la juge d’instruction vont mettre au jour un réseau de corruption à très grande échelle, impliquant non seulement les dirigeants de l’entreprise pétrolière (Loïk Le Floch-Prigent, Alfred Sirven et André Tarallo), mais aussi des personnalités politiques de premier plan, tels que Charles Pasqua et surtout Roland Dumas. Pots de vin destinés aux partenaires africains afin de s’assurer l’exploitation des gisements pétroliers, détournement de fonds au profit des grands partis politiques français, emplois fictifs : ce sont en tout 305 millions d’euros de fonds publics qui auront été détournés.
Déroulement de l’affaire ELF
Au cours de l’enquête, l’affaire prend des proportions spectaculaires. Si ses ramifications sont extrêmement nombreuses, c’est bien le volet politique du dossier qui va très vite passionner l’opinion publique. Et pour cause : Roland Dumas, alors ministre des affaires étrangères, aurait reçu une partie des sommes détournées par le biais de sa maîtresse de l’époque Christine Deviers Joncours. En occupant un emploi fictif au sein de la compagnie pétrolière, cette dernière aurait touché soixante-six millions de francs entre 1990 et 1993, et en aurait fait profiter son amant, par exemple en lui offrant des cadeaux extrêmement onéreux. Ils seront finalement tous les deux mis en examen pour recel et complicité d’abus de biens sociaux entre 1997 et 1999 ; Roland Dumas se verra contraint de démissionner du Conseil Constitutionnel en 2000.
Procès et verdict
Ce seront finalement des condamnations lourdes qui seront prononcées en 2003 par la 11ème chambre du tribunal correctionnel de Paris. Roland Dumas écopera de six mois de prison ferme, deux ans de prison avec sursis et une amende de un million de francs pour recel, puis innocenté en appel en 2004. Quant à son ex-maîtresse, elle sera condamnée à trois ans de prison dont dix-huit mois avec sursis et un million cinq cent mille francs d’amende.
Mais ce sont les dirigeants de la société qui se verront infliger les peines les plus lourdes : Loik le Floch-Prigent et Alfred Sirven se verront condamnés à cinq ans de prison. Cette peine sera également assortie de fortes amendes et du versement de dommage et intérêts.