L’affaire Christelle Blétry enfin résolue
Vieille de 20 ans, l’affaire Christelle Blétry a longtemps été considérée comme un « cold case », une affaire jamais résolue avant que de nouvelles analyses ADN réalisées en 2014 viennent incriminer son meurtrier.
Le 28 décembre 1996, le corps de Christelle Blétry, jeune étudiante de 20 ans, est retrouvé sans vie, transpercé de 123 coups de couteau, par le facteur de Blanzy, un petit village de Saône-et-Loire. Christelle Blétry n’est pas la seule jeune fille retrouvée morte en Saône-et-Loire, elle fait partie de celles que l’on nomme « les disparues de l’A6 », 12 jeunes femmes disparues ou tuées entre 1984 et 2005 et dont les assassins n’ont jamais été identifiés.
27 suspects mais pas de coupable
A l’époque des faits, les policiers commencent tout d’abord par enquêter auprès des proches de Christelle : sa famille, ses camarades de lycée, ses voisins et le personnel de la maison de quartier de Blanzy où elle était en stage. Quelques jours après le crime, la police tient un premier suspect, Christophe, ancien petit ami de Christelle et qui, selon les témoignages d’amis de la jeune fille, l’aurait menacée avec un couteau. Toutefois, aucun élément ne vient alimenter les soupçons des enquêteurs et le jeune homme est relâché.
L’enquête est très médiatisée et la police, tout comme la famille, reçoivent de nombreux courriers comportant autant de « pistes » qu’il faut remonter. Entre 1996 et 2010, par moins de 27 personnes sont suspectées et placées en garde à vue, mais, faute de charge, toutes les pistes sont finalement abandonnées.
En 2001, les familles des « disparues de l’A6 », rassemblées au sein de l’association Christelle créée en 1997, se tournent alors vers le cabinet Seban & Associés qui a suivi, aux côtés des familles, l’affaire des disparues de l’Yonne pour aboutir à la condamnation d’Emile Louis. De nouvelles analyses ADN sont alors demandées par le cabinet d’avocats, mais les résultats n’apportent pas de nouveaux éléments. En 2004, la piste Michel Fourniret, celui que l‘on surnomme « l’ogre des Ardennes» est explorée, mais c’est une nouvelle fois une impasse.
Preuves ADN et aveux
Fin 2013, de nouvelles expertises ADN sont effectuées sur les vêtements de Christelle Blétry. Les résultats des analyses sont inédits, ils mettent en évidence le viol de la jeune femme et un nom ressort au fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG). Il s’agit de Pascal Jardin, ouvrier agricole, vivant à Blanzy au moment des faits, et connu au FNAEG car condamné par le tribunal correctionnel de Chalon-sur-Saône en 2004 à deux ans de prison pour « tentative d’agression sexuelle avec un couteau ».
Aux policiers, Pascal Jardin affirme tout d’abord ne pas se souvenir de Christelle Blétry. Toutefois, au cours de sa garde vue, sa version change et il avoue l’assassinat de la jeune femme. La nuit du meurtre, Pascal Jardin rentre chez lui après avoir bu des bières dans un bar de Chalon-sur-Saône. Sur le chemin du retour, il aperçoit Christelle Blétry marchant au bord de la route et l’invite à monter dans sa voiture afin de la raccompagner chez elle. Le meurtrier oblige alors la jeune femme à se dévêtir et la contraint à un rapport sexuel. Cette dernière réussit à s’extirper du véhicule et à prendre la fuite. Pris de panique, Pascal Jardin la rattrape et lui assène plusieurs coups de couteau.
Toutefois, l’accusé, dénonçant des pressions policières, revient sur ses aveux et dément toute responsabilité dans le crime. Il modifie alors sa version des évènements : la nuit du 28 décembre, Christelle Blétry, paniquée, aurait frappé à la vitre de son véhicule alors arrêté à un stop. Pascal Jardin lui aurait alors proposé de la raccompagner. Incommodée par la chaleur de l’habitacle, Christelle se serait déshabillée librement et aurait eu un rapport sexuel consenti avec lui.
La ténacité d’une mère et des avocats
Pendant les dix jours d’audience, Pascal Jardin restera sur cette dernière version sans se laisser déstabiliser devant la contradiction et l’absurdité de certains de ses propos. Jeudi 2 février 2017, après six heures de délibéré, la cour d’assises de Saône-et-Loire reconnait Pascal Jardin coupable du meurtre de Christelle Blétry et le condamne à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de vingt ans de sûreté.
18 ans après les faits, le mystère du meurtre de Christelle Blétry est finalement résolu grâce notamment à la ténacité de la mère de Christelle et de ses des avocats, qui avaient demandé, compte tenu des progrès de la génétique, de nouvelles analyses ADN des scellés.