Des sites de comparateur d’avocats pour les consommateurs
A l’heure de la multiplicité des offres, la profession des avocats n’échappe pas à la règle. Grâce à la récente autorisation par la Cour de cassation des sites en ligne de comparateurs d’avocats, tout consommateur peut désormais, grâce à des devis rapides, trouver la personne chargée d’assurer sa défense. Une tendance qui suscite l’intérêt des usagers mais aussi des craintes chez les professionnels du droit.
Vous le voulez comment votre avocat ? Plutôt bon marché, plutôt compétent sur les affaires familiales ou exclusivement spécialiste du droit des entreprises ? Evidemment, cette recherche n’est pas aisée, surtout lorsqu’on ne connaît pas domaine et que l’on a un besoin ponctuel pour une affaire privée (litige, divorce, décès…) ou professionnelle (licenciement, liquidation…).
C’est d’ailleurs pour cette raison qu’en 2012, le collectif Jurisystem a créé avocat.net devenu trois ans plus tard alexia.fr, une page de comparateurs d’avocats. Une audace qui a agacé le Conseil national des barreaux (CNB) qui a décidé de l’attaquer en justice l’accusant de porter atteinte à l’intérêt collectif de la profession.
Le CNB a mis en avant l’aspect commercial de ce site, incompatible, selon lui, avec le titre d’avocat dont la profession interdit tout marchandage publicitaire.
« Une information loyale, claire et transparente »
Le verdict final de cette bataille juridique a finalement été rendu au mois de mai 2017 par la Cour de cassation. Elle a ainsi conforté le CNB sur certains points mais surtout donné raison aux sites Internet comparateurs d’avocat sur deux sujets précis : la notation et la comparaison des professionnels par des tiers. Une décision soumise à la condition que les sites spécialisés « délivrent au consommateur une information loyale, claire et transparente ».
Alexia.fr étant désormais légal, le comparateur, bien que leader en la matière, doit faire face à la concurrence d’autres pages comme meilleuravocat.com ou mon-avocat.fr. Souvent démuni face à son manque de connaissance en droit et à la complexité du système juridique (coût d’un avocat, durée des procédures, quelle spécialité choisir pour répondre à son problème…), le consommateur peut ainsi se rassurer et choisir en ligne le “bon” avocat.
Les comparateurs ne s’engagent pas sur la « qualité du travail fourni »
Si les pages de comparateurs permettent, en l’espace de quelques minutes, de cibler ses besoins, elles apportent surtout un éclairage rapide sur les tarifs pratiqués par les spécialistes. Une manière d’économiser du temps et de l’argent. Certains le surnomment le « Trip Advisor du barreau » puisque l’usager peut attribuer une note au professionnel avec lequel il a collaboré.
L’utilisateur n’a en revanche aucune garantie en ce qui concerne l’avocat auquel il fait appel. Chez alexia.fr, on précise que le site ne garantit ni « l’exactitude des informations soumises par les avocats ni la qualité du travail fourni ». Autrement dit, « on vous aide à trouver ce dont vous avez besoin mais on n’est pas sûr que ce soit vraiment ce qu’il vous faut ! »
Les avocats inquiets sur les critiques et la transparence
Mais ces sites de comparateurs d’avocat, s’ils semblent être perçus d’un bon œil par l’usager, sont accueillis avec plus de prudence par les professionnels. D’abord parce qu’aucun avocat n’a l’obligation d’être référencé par un site de comparateurs de services. C’est une décision personnelle et ceux ne souhaitant pas l’être utilisent d’autres réseaux pour trouver des clients.
Parmi ceux inscrits sur les sites de comparateur ou ceux qui hésitent à les rejoindre, quelques interrogations subsistent. Ainsi maître Russo alerte sur le fait que seuls les mécontents écrivent des mauvais commentaires alors que les satisfaits, généralement, ne prennent pas le temps d’écrire. Une tendance bien connue sur le web, et qui n’est pas la seule à faire grincer des dents.
Car si le cas des comparateurs d’avocat se calque sur celui de Tripadvisor, on peut tout aussi légitimement se poser la question des faux commentaires (positifs ou négatifs) présents sur la plateforme.
Dilemme
Confier sa défense à celui qui a glané le plus d’étoiles sur le Trip Advisor des avocats ou faire confiance à l’ami d’un ami qui a un ami qui peut vous défendre ? Un cruel dilemme qui ressemble fort à la question que l’on se pose avant de partir en vacances. Suivre les recommandations de booking.com ou privilégier l’hôtel vanté par votre oncle ? L’avantage, depuis la décision de la Cour de cassation du mois de mai 2017, c’est qu’au moins le client a un peu plus de choix.