La communication de l’avocat : Interview de Patrick Maisonneuve
La communication de l’avocat. C’est une thématique sur laquelle nous avons voulu échanger avec Patrick Maisonneuve, qui a accepté de répondre à quelques questions sur le sujet. Communiquer en dehors des arcanes du palais de la justice est-il le rôle de l’avocat ? Patrick Maisonneuve semble le démontrer dans cette affaire comme il a souvent eu l’occasion de le démontrer.
Plus qu’une stratégie, cette communication apparaît comme un devoir. Celui de défendre son client, devant le juge comme devant l’opinion.
L’interview
Le rôle de l’avocat a-t-il changé à l’heure du numérique ?
Patrick Maisonneuve : Ce n’est pas tant le numérique que le développement de l’information en continue qui change la donne. Il semble que ce soit davantage le temps médiatique qui se raccourcit et s’éloigne de plus en plus du temps judiciaire.
Mais est-ce vraiment à l’avocat de communiquer dans les médias ?
Patrick Maisonneuve : Dans certains dossiers, s’exprimer publiquement entre dans le périmètre des droits de la défense. Quelqu’un qui est mis en cause dans une affaire judiciaire se retrouve souvent isolé, pointé du doigt, accablé. L’opinion publique est prompte à juger. C’est aussi le rôle de l’avocat de porter publiquement la voix de celui que l’on accuse.
Dans ce contexte, la presse est-elle l’alliée ou l’ennemi de l’avocat ?
Patrick Maisonneuve : Il me faut constamment rappeler le principe fondamental de la présomption d’innocence. Une mise en examen est toujours quelque chose de difficile à vivre, accompagnée d’une médiatisation elle est d’une rare violence.
Par exemple ?
Patrick Maisonneuve : L’information en continue qui produit une forme de “vérité médiatique” n’est pas la “vérité judiciaire”, sur laquelle se base une partie de l’opinion publique. La presse notamment judiciaire a beaucoup évolué en 20 ans. On est passé d’un journalisme de “chroniques judiciaires” à un journalisme d’investigation beaucoup plus poussé, notamment sur les terrains politico-judiciaires ou economico-judiciaire. C’est une évolution positive.
Pourriez-vous porter la voix de n’importe quel accusé ?
Patrick Maisonneuve : Je ne choisi pas mes clients en fonction de leur couleur politique. Il convient d’être en accord avec la stratégie de défense à adopter. Ce qui m’importe c’est le processus judiciaire, qui doit se passer de la façon la plus contradictoire possible, pour faire émerger la vérité judiciaire. C’est ça être avocat. La communication, pour essentielle qu’elle puisse être dans certains dossiers, n’est rien à côté de cela.
Qui est Patrick Maisonneuve ?
Patrick Maisonneuve est l’un de ces avocats puissants de la place parisienne, qui n’a plus rien à prouver. D’origine modeste, il a su comme d’autres à la même période développer une force de travail considérable au service de la défense de ses clients, jusqu’à devenir le ténor qu’il est aujourd’hui.
En 2015, il est l’avocat de la société Bygmalion, plongée au cœur du scandale des fausses factures de l’UMP. A cette occasion, Patrick Maisonneuve va lancer un pavé dans la marre en accusant directement l’UMP, devant la presse, d’être seule responsable du scandale. C’est une prise de parole qui ne s’inscrit pas directement dans la vie judiciaire mais qui constitue pourtant un élément désormais indissociable de cette affaire.
Il est également célèbre pour défendu des clients comme Pierre Bérégovoy, le juge Burgaud, l’Eglise de scientologie ou géré des dossiers épineux comme l’affaire Clearstream, le Médiator ou encore les affaires dites du « sang contaminé », des « écoutes de l’Elysée », de « la passerelle du Queen Mary« , etc.
Voir la bio de Patrick Maisonneuve.