Jean Veil consacré par le classement GQ des avocats 2017
Voilà 7 ans que GQ publie son classement annuel des 30 avocats les plus puissants de France. L’édition 2017 ne fait pas exception à la règle, et fait entrer 12 nouveaux profils dans son classement des ténors du barreau français jugés comme étant les plus puissants. Si ce classement est regardé avec intérêt par la profession, il fait aussi l’objet de certaines critiques. Malgré l’apparente subjectivité et les limites de ce top 30, c’est Jean Veil qui est célébré cette année.
Etabli par Thiery Lévêque et Fabrice Tassel, deux journalistes spécialisés dans le domaine juridique, ce classement se veut être établi en gardant la « tête froide » et ce malgré une « subjectivité inhérente à tout classement ».
Jean Veil avocat le plus puissant
Et cette année les deux reporters ont nommé Jean Veil comme étant l’avocat français le plus puissant de France. Avocat spécialisé en droit pénal des affaires, ce dernier est notamment intervenu dans des affaires de très grande ampleur et très médiatisées telles que la défense de la Société Générale face à Jérôme Kerviel ou dans l’affaire des Panama papers, mais également pour de gros clients tels que Total ou la SNCF.
Ainsi le fils de Simone Veil, classé deuxième dans le classement 2016, vole la première place à Patrice Spinosi. En effet l’avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation qui a notamment défendu Jérôme Kerviel, redescend pour sa part en troisième position. Et c’est Didier Seban, qui prend la deuxième place.
Yassine Bouzrou fait son entrée dans le classement GQ
Dans ce septième classement, on retrouve 18 des 30 avocats déjà présents au classement 2016. Evidemment, on y retrouve des ténors comme le très médiatique Eric Dupond-Moretti mais également Christian Saint-Palais, président de l’Association des avocats pénalistes.
Parmi les arrivées remarquées, on peut noter le tandem constitué par Yassine Bouzrou et Julie Granier. Si le duo se hisse à la 21e place du classement, il le doit surement à son intervention dans le cadre des violences policières telles que l’affaire Traoré ou à la plainte déposée contre l’Etat au nom des victimes de l’attentat de Nice en juillet 2016, pour mise en danger de la vie d’autrui.
Limites et critiques du classement
Si l’objectif de ce classement est de dresser un portrait des avocats en vogue au travers de faits mêlés à de petites anecdotes, certains observateurs dénoncent des critères qui leur semblent déplacés. Ainsi à propos de l’avocate Roksana Naserzadeh, les deux journalistes soulignent qu’elle possède un « fort accent persan » mais « maîtrise parfaitement la langue française ». Une remarque son accent que les journalistes se gardent bien de mettre en avant quand ils viennent à décrire le parcours d’Ardavan Amir-Aslani, deuxième Iranien présent au classement. De même, Yassine Bouzrou est « photogénique » et l’avocate Clarisse Serre se voit dotée d’une « crinière brune », élément visiblement indispensable pour réussir dans la profession.
Devant un tel classement se pose bien évidemment la question des critères choisis par les journalistes de GQ pour juger de la « puissance » d’un avocat. Selon eux, il s’agit de présenter des avocats qui « murmurent à l’oreille des grands de ce monde » mais aussi certains qui défendent « les plus faibles et les oubliés ». Le classement ne repose a priori sur aucune performance, statistique ou critère objectif. Il semble principalement s’attacher à repérer les avocats défendant des personnes morales ou physiques connues.
Un classement trop restrictif ?
Certains émettent également quelques objections face au champ de ce classement, concernant tout d’abord la parité. En effet, si la profession d’avocat compte plus de 62.000 avocats avec une majorité de femmes (54 %), le classement ne comporte pour sa part que huit femmes sur les 32 avocats nommés. Moins puissantes ?
De même, le classement comporte très peu d’avocats de moins de 40 ans. Si l’on peut aisément comprendre que l’influence et l’expérience s’acquièrent avec le temps, cela justifie-t-il que les avocats plus jeunes se fassent aussi rares dans ce classement ?
On peut enfin regretter que la liste ne mette en avant presque que des avocats pénalistes, principalement établis à Paris. Des critiques et des limites face auxquelles une méthodologie plus transparente serait la bienvenue, pour assurer davantage de légitimité à un classement dont l’objectivité aura presque fait autant parler que son contenu cette année.