Droits de l’Homme made in China
En 2009, la Chine prend le monde de court et publie son premier plan d’action pour les droits de l’Homme.
En 2009, la Chine prend le monde de court et publie son premier plan d’action pour les droits de l’Homme. Experts et militants des libertés se montrent sceptiques ; mais, en 2012, le gouvernement récidive et publie une deuxième feuille de route. Un vent nouveau soufflerait-il au pays de Mao ?
Que la Chine s’engage en faveur des droits de l’Homme, voilà qui pourrait en surprendre plus d’un. Pourquoi s’embarrasser de principes moraux quand on dirige depuis 60 ans son pays d’une main de fer ? Par pragmatisme, tout simplement. 30 ans de croissance à marche forcée en ont laissé beaucoup au bord de la route ; et les récents scandales politiques, sanitaires et écologiques ont achevé de fissurer le contrat social. Conscient de la révolte qui gronde, le gouvernement préfère donc lâcher du lest sur la question des droits de l’Homme.
Une vision très chinoise
Ne nous affolons pas – la démocratie ne va pas s’implanter de sitôt au pays de Mao ! Des limites ont été fixées en 2009 et les autorités s’y tiennent. Le plan d’action pour les droits de l’Homme a pour objectif affiché de contribuer à la prospérité globale du pays et au bonheur de sa population. L’emploi, la santé, l’éducation et l’environnement sont au cœur des préoccupations des Chinois ? Qu’à cela ne tienne, l’Etat se fait le garant des droits sociaux et économiques.
Les plus cyniques pourraient y voir une simple déclaration d’intention ; mais, non, il s’agit bien d’engagements concrets. Les autorités promettent ainsi d’augmenter chaque année le salaire minimum de 13 %, d’améliorer les conditions de travail dans les entreprises, d’offrir une protection sociale minimum à tous les citoyens ou encore de lutter plus efficacement contre la pollution aux métaux lourds.
Le parti garde la ligne
C’est quand on se penche sur le chapitre des droits civiques et politiques que le bât blesse.
Pourtant, là encore, certaines avancées en faveur de l’Etat de droit méritent d’être soulignées, comme par exemple l’application de la loi de procédure pénale ou la protection des droits de la défense. Sur le plan politique, les autorités font aussi montre d’une relative ouverture en reconnaissant le droit de chacun (y compris des minorités) à participer aux affaires publiques.
Mais, que l’on ne s’y trompe pas, si le gouvernement accepte de réformer les « libertés de proximité », ce n’est pas pour s’engager sur la voie de la démocratie, ni pour autoriser les opposants à critiquer le système en place. Aujourd’hui comme hier, répression et violation des droits de l’Homme font partie du quotidien…
Depuis 2012, les libertés religieuses ont même régressé et la censure contre les médias se porte toujours aussi bien. Quant aux activistes politiques, ils sont encore soumis au harcèlement incessant de la police. Le Prix Nobel de la Paix, Liu Xiaobo, en sait quelque chose, lui qui est en prison depuis 2009 pour avoir appelé à la démocratisation de son pays !
La société civile se mobilise
Pourtant, ne soyons pas défaitistes, car la société civile chinoise n’a jamais été aussi mobilisée ! Chaque jour, il y aurait entre 250 et 500 manifestations contre les expropriations, les saisies foncières ou les abus de pouvoir. Sur la toile, internautes et bloggeurs s’attaquent de front à la censure en dénonçant sans relâche la corruption ambiante.
Et ça marche ! Face à la grogne populaire, le parti n’a d’autre choix que d’agir et, le 15 novembre 2013, des réformes majeures ont été annoncées. Parmi les mesures phares : la suppression des laojiao, ces camps de rééducation par le travail où seraient détenues 300 000 personnes, coupables de larcins mineurs.
En ce jour anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, une brise nouvelle commence à souffler au pays de Mao et c’est tant mieux !