Affaire Calvez, un mystère qui dure depuis 30 ans
Dans la nuit du 21 au 22 septembre 1994 à Poulguen, entre Penmarc’h et Le Guilvinec, une épaisse fumée noire s’échappe d’une ancienne conserverie de poissons. Gendarmes et pompiers découvrent alors dans le bâtiment le véhicule en flammes de Marie-Michèle Calvez. Dans le coffre, son corps retrouvé calciné lance une enquête qui occupe encore aujourd’hui la justice de Quimper.
Un meurtre planifié
Les premiers éléments découverts sur place ne laissent aucun doute : l’incendie est volontaire. Le dispositif de combustion est même assez élaboré, et ne permet pas de déterminer les causes exactes de la mort de Marie-Michèle Calvez. En revanche, la position du corps certifie que la Bigoudène, alors âgée de quarante ans, était morte avant que le feu ne se déclenche.
L’enquête s’annonce difficile et 27 ans plus tard, ce constat est encore valable. Une rapide enquête de proximité révèle que deux voix d’hommes et deux voitures ont été entendus par un témoin habitant à quelques dizaines de mètres de la scène du crime.
Tous les éléments laissent supposer que l’un des assassins est arrivé avec la Seat Ibiza de Marie-Michèle, puis ramené avec la seconde voiture conduite par un complice. Par conséquent, la police écarte assez rapidement l’hypothèse d’un « crime de rôdeur ». L’assassinant étant bien préparé, il fallait bien connaître les lieux, et il est peu probable que la victime ait été choisie par hasard.
Un crime passionnel ?
Ainsi, l’enquête s’oriente d’abord vers les proches de Marie-Michèle Calvez, une démarcheuse d’assurance réputée. Aussi séduisante qu’indépendante, il s’agit d’une femme sans histoire, et on ne voit pas qui aurait pu lui en vouloir. À la demande du juge d’instruction, la police se penche sur son compagnon de l’époque, un médecin généraliste du crû qui était censé retrouver la victime le soir de sa disparition. Celui-ci est mis en garde à vue mais l’enquête n’aboutit pas et il est relâché.
Les soupçons se portent alors sur un voisin et ami d’enfance de Marie-Michèle. Restés proches, ils continuent de se voir régulièrement et plusieurs membres de leur entourage affirment qu’il était amoureux de la victime. Il était d’ailleurs prévu qu’il participe à porter le cercueil pendant l’enterrement, mais il ne s’est finalement jamais présenté à l’église.
En 1996, un nouveau juge d’instruction prend l’affaire en charge et le voisin est à nouveau entendu par les gendarmes, mais il a depuis changé de version. Il déclare alors avoir vu Marie-Michèle Calvez le soir du meurtre à 19h30, ce qui fait de lui la dernière personne à avoir vu la victime. Il est alors placé en garde à vue mais fait une crise d’épilepsie. Il est interrogé une nouvelle fois après son hospitalisation, mais sa version est encore différente. Il affirme maintenant avoir vu la victime trois jours avant qu’elle ne soit assassinée. Il sera pourtant relâché à son tour, faute d’éléments tangibles.
Catherine Calvez : « Je ne lâcherai pas. C’est devenu le but de ma vie »
Pour la sœur de Marie-Michèle, l’absence de réponse est inacceptable. Encore aujourd’hui, Catherine Calvez le clame haut et fort, comme un message à l’assassin de son aînée, qu’elle n’abandonnera jamais. Les deux sœurs étaient en effet très proches, s’appelant plusieurs fois par semaine et se voyant tous les week-ends ou presque.
Pour Catherine, tant que le mystère n’aura pas été élucidé, le deuil semble impossible et la douleur toujours présente. En 1998, une somme de 300.000 francs (50 000 euros) avait d’ailleurs été promise par la famille de la victime à quiconque pourrait amener de nouveaux éléments susceptibles de faire la lumière sur le meurtre. Une récompense qui est toujours d’actualité.
Puis, en 2014, une nouvelle piste est envisagée. Le crime ne serait pas le résultat d’un amour difficile ou éconduit, mais plutôt un moyen de couvrir un détournement du patrimoine. Le couple Goevnic, ayant fait fortune dans l’immobilier et l’hôtellerie, avait en effet fait don de leurs biens à une parente de la région qui n’a pourtant jamais perçu le moindre centime. Des étrangers à cette donation auraient alors usurpé son identité pour détourner le patrimoine.
Marie-Michèle Calvez, démarcheuse d’assurance spécialisée en placement de capitaux savait-elle des choses sur cette affaire ? Se serait-elle fait connaître des voleurs qui aurait voulu la faire taire ? Plus de 25 ans après le meurtre, le plus vieux dossier criminel non élucidé de la justice de Quimper reste entier.
Photos : Radio France