Yasmine Attia : avocate engagée et convaincue !
Une avocate tunisienne engagée
Yasmine Attia, 34 ans, est avocate au barreau de Tunis et professeur à l’université des sciences juridiques de Tunis. Comme chaque année, le Mémorial de Caen (France) organise un concours de plaidoirie sur les droits de l’Homme. Aussi bien les lycéens, les élèves-avocats que les avocats sont amenés à participer. Yasmine Attia qui a bluffé le jury par sa force de conviction et son éloquence en 2014, a remporté le premier prix de ce concours 2015 à égalité avec une avocate camerounaise. Celle-ci a souhaité raconter l’histoire de Maher Manaï, condamné injustement à la peine capitale après un procès entaché d’irrégularités.
Revenons sur la plaidoirie qui a révélé son talent et qui lui a permis, le 2 décembre 2014, de se faire remettre le premier prix par Madame Taubira, garde des Sceaux.
Une histoire tragique et révoltante
Yasmine Attia a choisi de raconter l’histoire d’Inès pour mettre en lumière une violation des droits de l’Homme qu’elle considère insoutenable, le « Jihad au féminin ». Inès a 15 ans, elle a commis un pêché, celui d’avoir eu des relations sexuelles avant le mariage. Pour absoudre ses pêchés, celle-ci décide de participer au Jihad en Syrie. Cette dernière l’emporterait au paradis si elle acceptait d’assouvir les besoins sexuels des combattants islamistes avant qu’ils partent à la Guerre Sainte. C’est dans ce contexte d’endoctrinement qu’Inès s’est offerte pendant six mois à des inconnus. Yasmine Attia parle de « mariage CDD qui peut ne durer que quelques heures » … Et pour celles pour qui le retour sera possible, elles reviendront dans leur pays abusées, désabusées, torturées et rejetées par les siens.
Oui, Yasmine Attia, fervent défenseur des droits de l’Homme, s’est levée pour défendre la cause des femmes victimes de « cette prostitution au nom d’Hallah », pour celles qui croient encore naïvement s’être mariée pour la bonne cause.
Le terme utilisé pour qualifier cet acte est le « Jihad nikey », qui signifie littéralement, « acte sexuel relevant du militantisme ». Yasmine Attia certifie dans sa plaidoirie, qu’aucun texte religieux n’a jamais donné crédit à une telle pratique.
La mise en cause du gouvernement tunisien
Yasmine Attia n’hésite pas à accuser les principaux responsables du Jihad féminin, le gouvernement tunisien. Celui qui préfère fermer les yeux sur ces cas dits « isolés », sur cet « épiphénomène » qui ne mérite pas que l’on s’y attarde plus longtemps.
Elle accuse ce même gouvernement qui, selon elle, après avoir connu la révolution de jasmin, n’a pris aucunes mesures concrètes pour protéger ces femmes victimes de violences. Pourtant, la constitution tunisienne accorde désormais une véritable place à la femme ce qui laisse une lueur d’espoir. Il est, pour l’avocate, grand temps que la théorie laisse place à la pratique, que le gouvernement mette en application les textes internationaux relatifs à la protection des femmes auxquels il fait partie. L’ONU doit également prendre ses responsabilités et soutenir cette cause.
L’histoire d’Inès remise en cause
A la suite de la plaidoirie de Yasmine Attia, une rumeur a circulé : l’histoire d’Inès aurait été inventée de toute pièce. Le Mémorial alerté par des confrères a demandé à Yasmina Attia de prouver que le cas d’Inès évoqué dans sa plaidoirie existait réellement afin de valider sa récompense. Yasmina Attia avoue qu’elle n’a jamais rencontré Inès et qu’elle s’est inspirée du récit d’une journaliste tunisienne « qui avait des sources sécuritaires qui souhaitaient rester anonymes ».
Plus de peur que de mal, Yasmina Attia a conservé son premier prix, soutenue par cette journaliste et une ONG tunisienne qui ont confirmé la véracité de son récit.
Un avenir prometteur
Apres ses deux victoires, Yasmina Attia ne compte certainement pas en rester là. L’avenir nous dira si par ses mots et sa force de conviction, elle parviendra à faire changer ce qui la révolte.