Pauli Murray
Née le 20 novembre 1910 à Baltimore dans le Maryland aux Etats-Unis, et décédée le 1 juillet 1985, le révérend Dr. Anna Pauline dite « Pauli » Murray était une avocate et militante américaine pour les droits civiques et les droits des femmes. Pauli Murray est également la première femme noire ordonnée prêtre au sein de l’église épiscopale.
D’origines irlandaise, afro-américaine et amérindienne, Pauli Murray est élevée par ses grands-parents maternels, sa mère étant décédée d’une hémorragie cérébrale et son père battu à mort par un gardien. Pauli Murray déménage à l’âge de seize ans à New York pour étudier à l’université Hunter, où elle obtient en 1933 une Licence en anglais. En 1940, Pauli Murray est arrêtée avec l’une de ses colocataires et amies pour violation de la loi dans l’Etat de Virginie après s’être assise dans la section réservée aux blancs dans un bus. Défendues par l’organisation NAACP, le couple a été condamné pour conduite immorale plutôt que violation des lois de ségrégation, à la suite de quoi l’organisation a cessé de les représenter. Soutenue par la Ligue des travailleurs, une organisation socialiste pour les droits du travail, Pauli Murray est embauchée dans le comité administratif de l’organisation quelques mois plus tard. Cet incident, ainsi que sa participation à la Ligue de défense des travailleurs socialistes, lui inspirent une carrière d’avocate pour défendre les droits civiques. Elle s’inscrit peu après à l’université Howard et devient de plus en plus sensible au sexisme, qu’elle se plait à appeler « Jane Crow», en référence aux lois Jim Crow de ségrégation raciale. Pauli Murray est diplômée et première de sa classe, mais se voit refuser l’opportunité de faire d’autres travaux à l’université d’Harvard en raison de son sexe.
Après avoir réussi l’examen du barreau de Californie en 1945, Pauli Murray est embauchée en tant que premier député noir procureur général de l’Etat en janvier de l’année suivante.
Pauli Murray part ensuite vivre au Ghana de 1960 à 1961, enseignant à la faculté de l’École de droit du Ghana. Elle revient en 1965 et devient la première femme afro-américaine à recevoir un doctorat de la prestigieuse université de droit de Yale.
En 1973, Pauli Murray devient prêtre de l’Eglise épiscopale. Tout au long de sa carrière, l’avocate devenue révérend lutte avec des questions liées à son identité sexuelle et de genre, se décrivant comme ayant un instinct sexuel inversé. Pauli Murray a d’ailleurs été brièvement mariée à un homme et a eu plusieurs relations avec des femmes.
Affaires emblématiques & clients célèbres de Pauli Murray
En tant qu’avocate, Pauli Murray plaide pour les droits civils et les droits des femmes. Ses travaux sur les questions de race et de couleur deviennent une véritable bible pour les associations qui défendent les droits civiques. En 1961, Pauli Murray est nommée à la Commission présidentielle sur le statut et la condition des femmes et co-fonde l’Organisation nationale pour les femmes. Pauli Murray prépare à cette occasion un mémo faisant valoir que le quatorzième amendement interdit la discrimination fondée sur le sexe ainsi que la discrimination raciale. Par la suite, Ruth Bader Ginsburg nomme Pauli Murray co-auteur du dossier Reed v. Reed en reconnaissance de son travail sur la discrimination sexuelle.
Active dans l’affaire Odell Waller, un métayer noir condamné à mort pour avoir tué son propriétaire blanc, Oscar Davis, lors d’une dispute, Pauli Murray avance la thèse de la légitime défense. Elle parcourt le pays pour amasser des fonds suffisants afin d’interjeter appel dans le procès. Elle écrit également à Eleanor Roosevelt au nom de Waller. Cette dernière écrit à son tour au gouverneur de Virginie James Hubert Prix lui demandant de garantir un procès équitable, et plus tard persuade le président de demander que la peine de mort soit commuée mais en vain car, malgré tous leurs efforts, Waller est exécuté en juillet 1942. Grâce à cette correspondance, Pauli Murray et Eleanor Roosevelt commencent une amitié qui durera jusqu’à leurs morts.
En 1942, tout en restant dans l’école de droit, Pauli Murray rejoint le Congress of Racial Equality (CORE) et publie un article contestant la ségrégation dans l’armée américaine. Elle a également participé à des manifestations pacifistes contestant la ségrégation raciale dans plusieurs restaurants de Washington D.C., mouvement précurseur des plus célèbres mouvements des droits civiques et des « sit-in » des années 1950-60
En 1950, Pauli Murray publie un ouvrage sur les lois de ségrégation dans lequel elle fait un examen et la critique de celles-ci. Dans ce document, l’avocate attire également l’attention sur la preuve psychologique et sociologique ainsi que sur une technique juridique innovante. Cette approche va influencer les plaidoiries dans l’affaire Brown v. Board of Education of Topeka, et la décision de la Cour suprême américaine en 1954 qui a conclu que, les écoles visant à séparer les noirs des blancs étaient contraires à la Constitution. En 1963, Pauli Murray devient l’une des premières à critiquer le sexisme du mouvement des droits civiques, dans son discours «La femme noire et la quête pour l’égalité ».
Anecdotes
Pauli Murray portait plus souvent des pantalons que des jupes, gardait ses cheveux coupés courts et était ouverte sur le sujet de ses relations avec les femmes.
Récompenses
En 1946, le Conseil national des femmes noires nomme Pauli Murray femme de l’année.
En1961, le président américain John F. Kennedy nomme Pauli Murray à la Commission présidentielle sur la condition de la femme.
Dossiers associés
- Reed v. Reed
- Odell Waller
- Brown v. Board