Jacqueline Moudeina
Née en 1957 au Tchad, Jacqueline Moudeina a grandi dans un environnement instable. Enfant orpheline, elle a commencé des études d’anglais à l’université de Ndjamena en 1979. Cette même année, l’arrivée de la guerre civile tchadienne puis le régime instauré par le dictateur Hissène Habré obligent Jacqueline Moudeina et son mari à fuir le pays.
Ces évènements marquants poussent alors la jeune femme à commencer des études de droit dans son pays d’exil, la République du Congo, où elle restera pendant douze ans.
Dès 1993, Jacqueline Moudeina intègre la section congolaise de la défense des droits de l’homme avec l’Association Tchadienne pour la Protection des Droits de l’Homme (ATPDH) et engage ainsi son combat contre le régime de terreur qu’a connu son pays d’origine.
C’est en 1995 que Jacqueline Moudeina retourne au Tchad pour la première fois et prend part au bureau tchadien de l’ATPDH à Ndjamena. Elle devient de ce fait l’une des premières femmes assistante juridique et mandataire de justice au Tchad.
Depuis 2000, elle est la coordinatrice du collectif des avocats des victimes du régime de Hissène Habré et recherche par tous les moyens à ce que le dictateur réponde de ses crimes devant la justice. Ce combat est semé d’embuches, mais Jacqueline Moudeina ne baissera jamais les bras.
Aujourd’hui encore, le collectif se bat pour obtenir le jugement de l’ancien numéro un du Tchad. Un procès aura lieu en 2015.
Jacqueline Moudeina est connue sur la scène internationale pour cette affaire mais son engagement ne s’arrête pas là. Elle s’implique activement dans la défense des droits des enfants, des femmes et des groupes discriminés dans son pays, les violations des droits de l’Homme restant trop souvent impunis par la loi tchadienne.
En tant que présidente de l’ATPDH depuis 2004, Jacqueline Moudeina met en place des séminaires de formation pour enfants ainsi que des cours d’instruction sanitaire sur le SIDA. L’association s’efforce, également, de mettre un terme à l’esclavagisme d’enfants, activité bien trop courante au Tchad. Dans cette optique, l’association propose une aide financière aux paysans et met en place des cercles de vigilance.
Enfin, Jacqueline Moudeina intervient lors d’un projet d’oléoduc qui souhaite relier les champs pétrolifères tchadien avec une ville portuaire du Cameroun. Toujours dans le souci du respect des droits de l’Homme, l’avocate réclame le versement de dédommagements en cas d’atteintes à l’environnement.
Jacqueline Moudeina est donc impliquée dans de nombreux combats législatifs que peut connaitre son pays. Elle est reconnue internationalement pour ses actions.
Affaires emblématiques & clients célèbres
L’affaire la plus emblématique de Jacqueline Moudeina reste l’affaire Hissène Habré, dictateur du Tchad entre 1982 et 1990. L’avocate cherche à tous prix à obtenir son jugement depuis maintenant de nombreuses années.
Cette lutte a commencé en 2000 lorsque l’avocate dépose une plainte auprès du tribunal régional de Dakar contre Hissène Habré pour actes de torture, de barbarie et crimes contre l’humanité.
Le 8 février de cette année, l’ouverture officielle des chambres africaines extraordinaires a eu lieu et ainsi l’affaire judiciaire peut enfin commencer.
Anecdotes
Dans son action pour les Droits de l’Homme au Tchad, Jacqueline Moudeina a dû faire face à de nombreuses agressions et menaces de mort.
En 2001, lors d’une manifestation pacifique à Ndjamena contre les manipulations électorales, un soldat jette une grenade aux pieds de Jacqueline Moudeina ; elle est hospitalisée pendant près de 15 mois en France. Malgré les conseils de son entourage, elle décide de rentrer dans son pays et continuer son combat.
En 2003, des personnes entrent par effractions dans son bureau et en fouillent l’intégralité.
Suite à ses accusations contre le gouvernement en place en 2008 qui révélait que des enfants-soldats était envoyés dans la guerre contre le Soudan, elle reçoit de nombreuses menaces de mort et intimidations et fini par demander l’asile politique en France.
Ces évènements ne font que souligner d’avantage sa persévérance et son caractère fort et inébranlable.
Distinctions
C’est pour son courage lors de l’affaire Hissène Habré que Jacqueline Moudeina se voit décerner le prix Martin Ennals en 2002, prix qui récompense les défendeurs des Droits de l’Homme.
En 2011, l’avocate reçoit le prix «Livelihood Award » ou encore appelé Prix Nobel Alternatif et devient la première personnalité tchadienne à recevoir ce prix.
En 2013, Jacqueline Moudeina reçoit les honneurs lors du dîner annuel organisé par « Human Rights Watch », encore appelé Voix de la Justice. Pour son engagement exceptionnel en faveur des droits humains, elle fait partie des lauréats du Prix Alison Des Forges.
Dossiers Associés
Affaire Hissène Habré
Affaire du projet d’oléoduc entre le Tchad et le Cameroun
Coordonnées
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