Henri Leclerc
Près de soixante ans de plaidoirie. Un engagement social très fort. Un goût pour les affaires ultra médiatisées. Une contribution considérable au service de la modernisation de la justice. Voici Henri Leclerc, avocat encensé par ses pairs.
Ancien membre du Conseil de l’Ordre, l’un des plus grands avocats pénalistes de France a pour principaux domaines d’intervention : les affaires criminelles, les secteurs du droit pénal économique et du droit pénal de la santé, mais aussi le droit de la presse, les libertés publiques (il a été président de la Ligue française pour la défense des droits de l’homme et du citoyen de 1995 à 2000) et la défense de la vie privée.
Une plaidoirie engagée
Henri Leclerc a accompagné les grands mouvements sociaux, défendant ceux qui se battaient pour plus de justice et de liberté : les manifestants de Mai 68 et des années suivantes, les mineurs des houillères, les paysans se disant spoliés, les pêcheurs, mais aussi les militants indépendantistes des dernières colonies françaises, telle que l’Algérie. Et bien d’autres.
« Je veux faire aimer l’accusé, ou au moins éviter qu’on le déteste. Je deviens l’accusé »…
A côté de cela, il s’est peu à peu spécialisé dans les affaires dont les médias et la population raffolent, même s’il est nettement moins médiatisé et communicant que certains de ses confrères.
Et si possible du côté des coupables ou supposés l’être aux yeux du public. Il a ainsi défendu : Richard Roman (accusé du viol et du meurtre d’une fillette de 7 ans, Céline Jourdan – Henri Leclerc lui obtiendra l’acquittement, après quatre années de détention préventive…) ; Florence Rey (qui avec son compagnon fut l’auteur d’une cavale sanglante surréaliste qui provoqua la mort de cinq personnes dont trois policiers, dans les rues de Paris le 4 octobre 1994) ; Véronique Courjault (mère de famille qui tua trois de ses nouveau-nés avant de les congeler) ; mais aussi Dominique Strauss-Kahn (dans une affaire l’opposant à Tristane Banon et actuellement dans celle du Carlton de Lille).
…à quelques exceptions notables
Rarement partie civile, il l’a été contre Omar Raddad, accusé du meurtre de Ghislaine Marchal, dont il était le jardinier, en 1991 à Mougins. « L’avocat des pauvres, de la présomption d’innocence, et qui prétend haïr l’injustice, a, des mois durant été attaqué, vilipendé, hué ».
Il raconte que sa conviction était et demeure absolue et que tout ce qui a été dit sur l’innocence de Raddad ne tenait pas la route. Il dit ne rien regretter. Pour rappel, Omar Raddad, défendu par Jacques Vergès, a été reconnu coupable et condamné à dix-huit de réclusion en 1994.
Un véritable combat au service de la justice
Parallèlement à ces affaires, il a toujours mobilisé ses compétences au service de la justice avec force, ardeur et certitude.
Il a ainsi grandement contribué à la modernisation de la profession d’avocat et à la transformation du système judiciaire français : lutte pour l’abolition de la peine de mort, contributions décisives aux tentatives de réforme de la procédure pénale et du système pénitentiaire, améliorant ainsi les conditions de détention, etc.
Un avocat assailli de louanges par ses pairs
L’avocat Thierry Lévy raconte que « même dans les atmosphères les plus haineuses, il réussit à envelopper la salle de ses rondeurs, de tout son corps, c’est physique, il fait passer quelque chose aux jurés : « En voilà un brave homme ! Celui qu’il défend ne peut être si mauvais. » En fait, il entre dans la peau de l’accusé aux yeux de tous.» «Leclerc ne plaide pas. Il parle. Tout simplement. Au juge, au juré ou à son adversaire. Comme on parle à un ami, en lui confiant ses certitudes, ses doutes, ses interrogations. Ce n’est pas un discours ni une homélie grandiloquente, c’est une conversation», reprend un ancien chroniqueur au Monde, Maurice Peyrot.
Selon l’avocat Hervé Témime, il est tout simplement « le plus grand d’entre nous. A la fin de sa plaidoirie, on ne dit pas « quel numéro ! » mais « il a raison« .»
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