Gisèle Halimi
Avocate, féministe, femme de lettres et femme politique, Gisèle Halimi est une figure emblématique de l’histoire de France et des combats des femmes pour l’égalité.
Née en 1927 en Tunisie, Gisèle Halimi grandit dans une famille aux traditions conservatrices. Elle a 13 ans lorsqu’elle ressent le besoin de défendre sa place vis-à-vis de ses frères. Elle entame donc une grève de la faim pour ne plus devoir faire le ménage dans leur chambre. Elle est la seule fille de la famille et très jeune à la recherche de plus de justice et d’égalité. C’est ainsi qu’elle décide de quitter le foyer familial à 18 ans pour rejoindre Paris et y commencer des études de droit et de philosophie à la Sorbonne. Elle devient avocate en 1948, à 21 ans. L’année suivante, de retour dans son pays, elle s’inscrit au barreau de Tunis. L’histoire de France, de ses colonies et évidemment du Maghreb sont au cœur des engagements et des combats de la jeune avocate. Elle défend ainsi des activistes politiques, des syndicalistes, des indépendantistes maghrébins. Au moment de l’indépendance tunisienne, Gisèle Halimi fait le choix de retourner à Paris pour y exercer son métier et pour défendre les victimes de la guerre d’Algérie ainsi que des crimes de guerre perpétrés au Vietnam. C’est durant le procès de Djamila Boupacha, militante indépendantiste algérienne, qu’elle rencontre Simone Veil, alors magistrate, et qui en 1975 proposera la loi pour la dépénalisation de l’avortement. Une autre rencontre avec Simone de Beauvoir cette fois-ci, sera également décisive. Ensemble, elles fondent le mouvement féministe “Choisir la cause des femmes”, aux côtés de Jean Rostand et Jacques Monod. Activiste féministe, Gisèle Halimi l’est aussi devant les juges lorsqu’elle défend des jeunes femmes violées et accusées parce qu’elles ont décidé d’avorter (illégalement), durant le célèbre procès de Bobigny notamment.
Affaires emblématiques & clients célèbres
Avocate engagée, Gisèle Halimi commence sa carrière en défendant les indépendantistes tunisiens et algériens. Elle prend notamment en charge le cas du MNA, Mouvement national algérien. Lors de la célèbre affaire Djamila Boupacha, la jeune avocate défend l’activiste algérienne arrêtée, torturée et violée par les forces françaises en Algérie. Ce procès, qui débute en 1960, est l’occasion de dénoncer les traitements et les méthodes de l’armée française durant la colonisation. Quelques années plus tard, c’est pour dénoncer d’autres méthodes que Gisèle Halimi s’engage auprès de la Commision d’enquête du tribunal Russell-Sartre, en charge d’investiguer sur les agissements de l’armée américaine pendant la guerre du Vietnam. Le sort des peuples ainsi que le rôle de l’Etat dans des cas d’injustices et de guerre sont les premiers combats de Gisèle Halimi.
A partir des années 1970, l’avocate qui est devenue militante féministe défend des femmes ayant avorté illégalement. Gisèle Halimi, également signataire du manifeste des 343 – pétition regroupant des femmes célèbres qui ont avoué avoir déjà eu recours à l’avortement – est l’avocate dans le cadre du procès de Bobigny. L’affaire, qui débute en 1972, a porté devant les tribunaux Marie-Claire, une jeune fille ayant avorté après un viol, et de sa mère qui a permis cet avortement. Le procès et ses conclusions sont très suivis, le magistrat ayant jugé que la jeune fille devait être relaxée. Cette affaire contribuera d’une certaine manière à l’adoption de la loi Veil, en 1975.
Cinq ans plus tard, une nouvelle loi définissant le viol comme un crime est en partie attribuée au travail de l’avocate franco-tunisienne lors du procès d’Anne Tonglet et Araceli Castellano, appelé également le procès d’Aix.
Plus récemment, Gisèle Halimi, élevée selon les traditions juives en Tunisie, a défendu l’ancien responsable du mouvement fondé par Yasser Arafat, le Fatah, Marwan Barghouti, arrêté en 2002 et accusé d’incitation au terrorisme et incarcéré en Israël.
Gisèle Halimi a également été l’avocate de personnalités telles que Simone de Beauvoir et de son compagnon Jean-Paul Sartre ou encore Françoise Sagan et Henri Cartier-Bresson.
Anecdotes
En plus de sa carrière d’avocate, Gisèle Halimi est également une femme politique. Élue députée de l’Isère à l’Assemblée nationale de 1981 à 1984, elle fut également conseillère régionale en Rhône-Alpes. En tant que députée, elle travaille notamment sur un projet d’amendement sur la parité en politique. en parallèle de ses missions nationales, elle est nommée ambassadrice de la France à l’UNESCO de 1985 à 1989 puis conseillère spéciale de la délégation française à l’ONU à partir de 1989. Dans le cadre de son combat pour la parité, elle est nommée présidente de la commission « vie politique » de l’Observatoire de la parité.
Récompenses
- Membre du barreau de Paris
- Médaille du barreau de Paris (2003)
- Grand officier de l’ordre de la République tunisienne (1992)
- Officier de la Légion d’honneur française (2006)
- Commandeur de l’Ordre national du mérite (2010)
- Commandeur de la Légion d’honneur française (2013)
Dossiers associés
- Droit des femmes
- Droit de l’Homme
- Grands procès de guerre
- Procès de Bobigny