François Molins
François Molins naît le 26 août 1953 et grandit à Banyuls-dels-Aspres, un petit village d’un millier d’habitant situé dans les Pyrénées-Orientales. Il part faire ses études de droit à Perpignan et rêve de devenir avocat avant de reculer face à la perspective de sédentarité que lui offrirait cette carrière.
Il entre alors en 1979 à l’Ecole nationale de la magistrature (ENM). Au sortir de ses trois ans passés à l’ENM, François Molins, fils de médecins, devient substitut du procureur de la République de Carcassonne. Après sept ans dans l’Aude, il quitte sa région natale pour occuper la fonction de procureur de la République à Montbrison, dans la Loire (1986-1988), avant de rejoindre Villefranche-sur-Saône (1988-1991) pour y exercer le même rôle.
En 1991, il est envoyé en Corse pour devenir substitut du procureur général auprès de la cour d’appel de Bastia. Après ces deux ans sur l’île de Beauté, il regagne Lyon, toujours en tant que substitut du procureur général auprès de la cour d’appel. En 1996, il est nommé premier procureur de la République adjoint près le tribunal de grande instance de Lyon, poste qu’il occupe pendant quatre ans avant de devenir procureur de la République près le tribunal de grande instance d’Angers. Il ne reste pas longtemps dans le Maine-et-Loire car son destin se trouve à Paris où il débarque, à presque cinquante ans, devenant chef de service à la direction des affaires criminelles et des grâces de la Chancellerie.
En 2004, il redevient procureur de la République près le tribunal de grande instance de Bobigny, où il doit gérer des dossiers médiatiques, comme la mort de Zyed et Bouna, électrocutés dans un transformateur EDF. Cinq ans après sa nomination, il effectue ses débuts en politique, en intégrant le cabinet de Michèle Alliot-Marie, alors Garde des Sceaux. Directeur de cabinet de cette dernière puis de son successeur Michel Mercier, il demeure deux années auprès du ministère de la justice avant d’obtenir le prestigieux poste de procureur de la République près le tribunal de grande instance de Paris, en 2011. Confronté à la vague d’attentats qui s’empare de Paris en 2015, il se fait connaître médiatiquement et devient le visage de la lutte anti-terroriste.
Sa discrétion l’éloigne toutefois des projecteurs et il quitte en 2018 ses fonctions pour devenir procureur général près la Cour de cassation. Deux ans plus tard, avant le remaniement de l’été 2020, son nom est évoqué pour accéder au prestigieux poste de Garde des Sceaux mais c’est finalement Eric Dupont-Moretti qui est nommé ministre de la Justice.
Difficile de savoir s’il a refusé le poste ou bien s’il ne lui a pas été proposé, une certitude demeure quant à François Molins : heureux de rester dans l’ombre, même s’il est toujours actif auprès de la Cour de cassation, il profite à soixante-sept ans de la plus grande tranquillité qu’offre son nouveau poste après avoir vécu de longues heures d’insomnies en 2015.
Affaires emblématiques et clients célèbres :
Lorsqu’il est en poste à Bobigny, François Molins connaît un tourbillon médiatique après la mort de Zyed et Bouna, deux jeunes électrocutés dans un transformateur EDF le 27 octobre 2005 après avoir été poursuivi par des policiers. Face à son refus de transmettre le dossier à un juge d’instruction qui aurait pu incriminer les policiers, les quartiers défavorisés se sont révoltés pendant plusieurs semaines, créant de grosses émeutes. Quinze ans plus tard, s’il n’admet aucune erreur en matière de procédure, il reconnaît « qu’ils n’ont pas été bons sur la communication ».
Le fait marquant de la carrière de François Molins intervient en 2015, au cours de la vague d’attentats terroristes (Charlie Hebdo et Hyper Cacher en janvier puis ceux de novembre). Régulièrement interrogé par les médias, ses mâchoires serrées, ses yeux bleus perçants et son timbre de voix grave mais rassurant se sont invités dans les foyers des Français suivant les événements à la télévision. De cette période traumatisante, il en retient énormément d’insomnies et de stress mais aussi une certaine adrénaline que « peuvent générer la poursuite et la prévention de terroristes ».
A la Cour de cassation, François Molins est sollicité dans la très médiatique « affaire Vincent Lambert », du nom de cet homme accidenté de la route resté dans un état végétatif pendant plus de dix ans. Sollicitée par le gouvernement qui souhaitait casser la décision de la Cour d’appel de maintenir les soins pour Vincent Lambert, la Cour de cassation présidée par François Molins suit cette orientation et annule la décision de la Cour d’appel.
Anecdotes :
François Molins et son épouse, qui travaille aussi dans la justice, ont trois enfants à qui ils n’ont pas transmis le virus de la magistrature : aucun ne travaille dans le droit.
Il raconte aimer écouter Pink Floyd dans son bureau, défendant son appartenance à « la génération soixante-huitarde »
Récompenses :
- Chevalier de la Légion d’honneur (1994)
- Officier de la Légion d’honneur (2007)
- Commandeur de l’ordre national du Mérite (2018)
- Chevalier de l’ordre des Palmes académiques
- Médaille d’honneur de l’administration pénitentiaire
- Croix éminente de première classe de l’ordre de San Raimundo de Peñafort (2015)