Eric Russo

Une onde de choc. C’est ce qu’a provoqué début octobre 2020 le départ d’Eric Russo de son poste de magistrat au sein du Parquet national financier (PNF). Eric Russo incarne jusqu’à ce départ la lutte contre la fraude fiscale puisqu’il s’y attelle pendant ces cinq années en tant que vice-procureur au PNF. Son efficacité dans cette lutte le place comme un spécialiste reconnu et c’est pour cela que son départ pour Quinn Emanuel Urquhart & Sullivan, un cabinet d’avocats américain, défenseur de sociétés soupçonnées d’évasion fiscale, surprend et déçoit dans le monde de la magistrature.

Après l’obtention d’une maîtrise de droit privé, mention droit des affaires et mobilité, la carrière d’Eric Russo démarre en 2000 au tribunal judiciaire de Reims où il est d’abord auditeur de justice avant d’être nommé en 2002 juge d’instruction jusqu’en 2005. A la suite de cette première expérience de juge, il intègre le ministère de la Justice en qualité de chef du bureau du droit de l’économie des entreprises puis comme chef du bureau du droit des obligations. Après six années place Vendôme, Eric Russo rejoint le parquet général de Paris comme secrétaire général avant d’entrer au PNF en 2015. 

Son arrivée à l’automne 2020, au sein du bureau parisien de Quinn Emanuel Urquhart & Sullivan, le plus grand cabinet au monde en matière de contentieux et qui génère 1,3 milliard de dollars, est donc très commentée. Les observations sont aussi liées à un contexte pesant pour le PNF puisque trois magistrats subissent une enquête administrative diligentée par le ministère de la Justice. 

Eric Russo assure que son départ n’est pas en lien avec cette affaire et qu’il résulte d’une longue réflexion de sa part, alors qu’il estime avoir toujours été favorable à une mobilité entre avocats et magistrats : « Après vingt ans comme magistrat, j’ai le sentiment d’avoir achevé un cycle au sein de l’institution judiciaire (…) j’ai eu envie de pratiquer le droit autrement. » 

Au sein du bureau parisien de Quinn Emanuel Urquhart & Sullivan, Eric Russo fait partie d’une équipe de vingt-cinq avocats pilotée par les quatre associés Thomas Voisin, Isabelle Michou, Michael Young et Kami Haeri. Le cabinet américain, qui emploie plus de 800 avocats à travers le monde, compte sur Eric Russo pour renforcer son leadership mondial en matière de droit pénal des affaires. Kami Haeri se réjouit d’ailleurs de son recrutement : « Eric Russo est l’un des meilleurs magistrats que je connaisse, c’est une chance pour notre cabinet et notre profession tout entière de l’accueillir. »

Affaires emblématiques et clients célèbres :

C’est en tant que membre zélé du PNF qu’Eric Russo s’est fait connaître dans le monde du droit des affaires et du droit fiscal. Il est d’ailleurs décrit par ses pairs comme une pointure et un poids lourd dans la lutte contre la fraude et la délinquance fiscale. Au cours de ses cinq années au PNF, il négocie des dossiers très importants qui permettent à l’administration fiscale française de récupérer plusieurs milliards d’euros grâce à l’obtention de procédures amiables, les conventions judiciaires d’intérêt privés (CIJP), inspirées du droit américain. La CIJP signée entre Airbus et l’administration fiscale fin 2019 est par exemple la première négociée en France.

Pilotée par Eric Russo, cette procédure et cette négociation est l’une de ses plus grandes victoires au cours de son passage au PNF où il négocie également les sanctions contre HSBC, UBS ou encore la Société Générale. Chantre de cette lutte, il donne des interviews pour dénoncer les agissements de certaines banques internationales qui font du secret bancaire un argument commercial pour échapper à l’impôt. 

Dossiers associés :

• Droit des affaires
• Droit fiscal
• Droit pénal
• Arbitrage international
• Contentieux et précontentieux