Antonin Lévy
Fils d’un célèbre intellectuel français, enfance dans les beaux quartiers de Paris, scolarité dans les meilleurs établissement de la ville, l’un des plus puissants avocats de France en guise de mentor, une intelligence et des capacités de travail hors normes. Antonin Lévy avait tout pour réussir. Et il a réussi.
Né en 1981 : il est le fils de Bernard-Henri Lévy, intellectuel amoureux des médias (qui le lui rendent bien), le beau-fils d’Arielle Dombasle et le frère de Justine Lévy, auteure reconnue qui a su se faire un prénom dans son milieu.
Un esprit contradictoire
Dans ces conditions, il était promis à errer dans les sphères de la « star system » très jeune et de suivre les pas du paternel. Il n’en a rien été. Il s’est en effet ingénié, dès le plus jeune âge, à contrecarrer la machine et à faire exactement ce qu’on n’attendait pas de lui : refus de faire sa bar-mitsvah, pour cause de non croyance ; abandon de la prépa devant l’amener à Normale Sup. Au final, ce sera Sciences Po Paris, New York et Panthéon-Assas, qui le mèneront aux barreaux parisiens et new yorkais. Et à l’association avec Olivier Metzner, l’un des avocats les plus puissants de France (jusqu’à sa mort en mars dernier). Metzner : son modèle. Celui qui lui a appris le métier.
Affaires emblématiques & clients célèbres d’Antonin Lévy
Un pirate somalien, un ex-dictateur et une compagnie aérienne
Ses principaux domaines d’activité : le droit pénal financier, boursier et des affaires et le contentieux des affaires. Ses clients : de l’éclectisme pur.
Un pirate somalien jugé pour détournement de voilier ; le faussaire Guy Ribes ; un trader français accusé à tort d’avoir participé à la manipulation du Libor, le taux interbancaire britannique ; l’ex-secrétaire d’Etat Rama Yade, poursuivie pour « faux, usage de faux et inscription indue sur une liste électorale », pour qui il a obtenu la relaxe ; Audrey Pulvar, qui conteste son licenciement des Inrockuptibles.
Mais il y a aussi du lourd. Il a conseillé François Fillon lors de son bras de fer contre Jean-François Copé pour la tête de l’UMP en novembre dernier. Et avec son associé Olivier Metzner, il a défendu le général Noriega, ancien dictateur du Panama, jugé en France pour blanchiment d’argent. Il a également obtenu, en novembre dernier en appel, la relaxe de la compagnie Continental Airlines, poursuivie dans le crash du concorde en juillet 2000.
De quoi ne pas passer inaperçu et être davantage encore propulsé, prématurément, dans le monde des avocats stars.
Un engagement empathique
Mais il sait également mettre son énergie, son travail, son talent, au service des anonymes, des démunis, des fragiles, avec une empathie certaine et une quête d’un idéal de justice. D’ailleurs, n’a-t-il pas trouvé sa vocation suite à la lecture de l’ouvrage de Gilles Perrault, Le Pull-over rouge, consacré à l’affaire Ranucci ? Christian Ranucci avait été accusé du meurtre d’une fillette de 8 ans, condamné à mort et exécuté en 1978 alors que son procès n’avait pas levé tous les doutes sur sa culpabilité. Avec trois condisciples, Antonin Lévy avait formé alors l’association « Affaire Ranucci : pourquoi réviser ? ».
En 2007, il a aussi créé, avec l’avocat François Fureau, l’association Pierre Claver, qui propose aux demandeurs d’asile une aide judiciaire, des cours de langue et de civilisation françaises, mais aussi un accompagnement dans leurs recherches d’emploi une fois leur titre de séjour obtenu.
Une réussite à force de travail acharné
Cet homme décrit par ses proches comme très travailleur et doué d’une intelligence particulièrement vive et développée, a mis un point d’honneur à se construire seul, à tracer son bonhomme de chemin comme il l’entendait, afin d’être reconnu pour ses qualités et son travail et non par son nom de famille.
Il n’empêche que grandir dans les quartiers privilégiés de Paris, et dans un tel contexte familial, ça aide. Beaucoup. Ça permet par exemple de faire sa scolarité au collège Montaigne et au lycée Henri-IV. Mais il en convient.
Anecdotes
Ses milieux privé et professionnel forgent à priori un profil type. Mais là encore, il s’applique à prendre ses distances : vie mondaine réduite comme peau de chagrin, utilisation des transports en commun, prise de recul vis-à-vis des réseaux sociaux, manque d’égocentrisme, discrétion, pas (encore) grande gueule.
Il est décidément à l’opposé du profil classique de ses collègues qu’il est prédestiné à succéder, tels les Jacques Verges, Henri Leclerc et autre Patrick Maisonneuve.